Les problèmes de la société moderne (2006)

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La modernité, que l’on fait souvent débuter à la fin du XVIe siècle avec la (ré)invention de l’imprimerie, est caractérisée par la volonté idéologique de développer la connaissance et la science dans une taxinomisation du monde construite par les explorateurs et orientalistes. Cette période est caractérisée par le développement de la science et de la technologie. La révolution française pendant le siècle des lumières puis la révolution industrielle en Grande Bretagne, ont donné à ces Etats la puissance économique et militaire ainsi que le pouvoir politique et culturel qui a conduit l’Occident à conquérir le monde au nom de la mission civilisatrice de la France ou du fardeau de l’homme blanc (the white man’s burden). On peut caractériser l’idéologie de la modernité comme celle de la domination, de la loi du plus fort, que l’on retrouve dans la colonisation mais aussi dans le capitalisme. Cette période a donc vu l’avènement de tous les termes en ’isme’ qui marquent un domaine scientifique ou extrémiste, soit dans la logique moderne comme le colonialisme, ou orientalisme, soit par réaction avec cette logique de domination avec les intégrismes, fondamentalismes et autres féminismes. C’est aussi pendant cette période que le capitalisme et son pendant le communisme sont nés. Cette ère est marquée par la notion de progrès permanent que l’on peut opposer à une vision plus cyclique dans la philosophie orientale. La croyance en universaux et suprématie de la culture occidentale a conduit à l’esclavage puis à l’apartheid et maintenant à la discrimination positive qui marque la différence entre les modèles bon teint et les imitateurs colorés dans le politiquement correct du non-dit. L’apogée de l’impérialisme occidental pour beaucoup d’opposants à une approche scientifique et systémique du monde, est représentée par la déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948 qui constitue le critère de jugement en bien ou mal sur les sociétés alternatives. Ces derniers critiquent le caractère ethno-centré de cette charte comme nous l’avons analysé prédemment. La chute du mur de Berlin en 1989 a signifié pour l’Occident la victoire du capitalisme sur le communisme. Cependant, on peut constater que les pays à forte croissance économique sont ceux qui conservent une force sociale identitaire qui résiste au capitalisme sauvage, qu’elle soit de nature culturelle ou idéologique. La Chine est exemplaire en ce domaine puisqu’elle réunit dans ’un Etat, deux systèmes’, la gestion politico-sociale par une structure communautaire et l’économie par un capitalisme orienté vers l’économie de marché.

On peut considérer que la modernité est basée sur la force de l’industrie dynamique qui a vu son aboutissement dans l’arme absolue nucléaire portée par les tendances paranoiaques de la société. Le capitalisme scientifique a su utiliser les sciences humaines dans la gestion des ressources humaines et le marketing. L’avènement de l’industrie cybernétique pour la gestion des ressources et de la production dans une chaine logicielle mène à la représentation d’une entreprise comme une boite noire dont les informations se résument à un bilan et un compte de résultat, entrées du domaine de la finance. C’est maintenant cette discipline qui régit l’économie, même si elle avoue ne par prévoir mais seulement expliquer à postériori les phénomènes qu’elle analyse. Elle doit ponctionner au maximum l’industrie pour alimenter le pouvoir de certains et faire face aux demandes de retraites dans une société où la pyramide des âges est déséquilibrée. Une telle logique qui dénie l’humain et la vision du futur à long terme ne peut aller que dans le mur comme l’a montré Karl Marx dans son analyse. En effet, la seule recherche de rentabilité financière détruit les capacités d’investissement des entreprise et les prive de vision à long terme et donc de capacité d’adaptation aux changements technologiques et économiques.

La France dont l’Histoire est basée sur les valeurs du siècle des lumières est particulièrement touchée par le passage à la post-modernité que d’autres appellent ère post-industrielle voire révélation (apocalypse). Le mélange des cultures et donc d’ethos parfois contradictoires, le retour du balancier d’une l’Histoire coloniale particulièrement intolérante qui reniait les cultures indigènes, le capitalisme financier triomphant qui remet en cause le double système d’économie de marché et de service public, la mise sous tutelle européenne dans un contexte de mondialisation où elle n’a plus les moyens de son arrogance devant l’approche anglo-américaine qui s’impose de façon provisoire, tous ces éléments remettent en cause les fondamentaux de la société française. Les tensions sociales nées de l’injustice sociale et de l’échec de l’intégration font craindre une guerre civile, et la dette extérieure dont les seuls intérêts financiers lui coûtent ses impôts sur le revenu mettent la France en dépôt de bilan, les politiciens et la société refilant le bébé à une hypothétique femme président comme un enfant apelle sa mère lorsqu’il ne sait plus quoi faire. Alors le futur de la France ressemblera-t-il au Liban ou à l’Argentine, ou bien peut-elle restaurer les valeurs de liberté, égalité, fraternité qu’elle pérore ?

Ces considérations politico-intellectuelles qui participent à la jactance que nous servent les média n’intéressent pas ce projet qui se veut une application concrète des techniques de management adaptées au secteur non-marchand. Elles ont cependant le mérite de placer notre projet dans un contexte social précis.

Il s’agit ici de créer des flux d’échanges dans le secteur non-marchand qui comprend la solidarité et la culture. Comme de Saussure définit la parole comme tout ce qui n’est pas la langue, le non-marchand est pour nous ce qui n’est pas capitaliste. L’image mécanique du système à mettre en place ressemble à une double combustion dans un moteur thermique. C’est le recyclage des déchets ou surplus de la société capitaliste et de consommation. Puisque le domaine où nous nous situons est comptable on peut à la fois englober dans ce terme le recyclage des produits de consommation et celui des ressources humaines. Il s’agit de valoriser ce qu’avec un peu d’humour noir on peut appeler le recyclage des ordures en un sytème d’adéquation entre l’offre et la demande du secteur non-marchand. Nous proposons une structure organisationnelle simple pour le secteur non-marchand tout en le délimitant de façon claire sur des critères comptables. Un exemple de trajet pourrait être le saut qualitatif des chiffoniers du Caire par rapport à leurs frères délaissés qui disputent leur survie avec les chèvres sur les tas d’ordures auprès du Nil. Les déchets de la société moderne posent des problèmes écologiques et économiques, ces derniers induisent des problèmes sociaux. Le désengagement des collectivités locales et de l’Etat dans les secteurs public et associatif exige une réorientation de ceux-ci vers l’indépendance et l’autonomie.

Sur le plan organisationnel, nous prilégions le principe du SEL (Système d’Echanges Locaux) que nous appareillons au moyen d’un système informatique distribué par Internet permettant de gérer les transactions mais aussi les ressources humaines et d’en tirer des informations comptables. Le saut qualitatif de notre projet est la solidarité sociale et le bien être individuel garanti par le croisement de la déclaration des Droits de l’Homme de 1948 et des trois premiers étages de la pyramide de Maslow. La population de base débute par les dix pourcents de nécessiteux et le bénévolat associatif. Cette population pourrait s’élargir à d’autres catégories que nous proposerons par la suite, mais surtout au grand public afin de favoriser le brassage social. Notre parcours de référence est basé sur les besoins de base d’un SDF ou d’un routard fatigué.

extrait de : http://merciber.free.fr/MAE-IGR/maison_droits_homme.html 22 Mars 2006

Bernard Couapel Mars 2006

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